samedi 3 septembre 2011

Chiang Rai (Thailande)

Lundi 8 Août 2011 Départ pour Chiang Rai
Notre taxi ne nous a pas oubliés et après que Malee nous ait donné quelques petits souvenirs c'est le retour à Chiang Mai, où nous allons prendre l'autobus en direction de Chiang Rai. Un autobus VIP !!! un peu vieillot mais confortable.
À Chiang Rai, Toony nous attendait pour nous conduire à sa demeure. Cette fois-ci on demeurera avec une famille: Toony, Phaet et leurs deux enfants Cindy et Nicky. Nous avons une belle grande chambre. Mais ce que Lucie apprécie le plus, c'est la piscine, le hamac et le très beau jardin. Ici les repas sont très copieux et Phaet sait très bien faire la cuisine. On demeure près des plantations de riz, en retrait du centre-ville. De l'autre côté de la plantation, il y a un temple buddhiste.

Mardi 10 Août 2011
Journée de repos au bord de la piscine. Lucie a été se promener dans les environs. Il y a trop d'eau dans les champs pour se rendre jusqu'au temple.
Le soir venu, on entend les litanies des moines bouddhistes. Leur chant est très mélodieux. Cela ressemble aux vêpres chantés en grégorien dans les monastères catholiques. Bertin doit reprogrammer son ordinateur qui fait des drôles de bruits. Cela lui prendra quelques heures pour identifier et corriger le problème.

Mercredi 11 Août 2011
Visite au nouveau centre d'achat. On a fait quelques emplettes et vérifier les films à l'affiche. On est de retour à la maison en fin d'après-midi.

Jeudi 11 Août 2011
Lucie est malade. Quelques aliments qu'elle n'a pas digérés. Elle restera couchée toute la journée.

Vendredi 12 Août 2011
Journée de pluie intense. Comme il a beaucoup venté la nuit dernière, la piscine est remplie de sable. Tony semble un peu découragé. Lucie a joué aux cartes avec les enfants question de les désennuyer.

Samedi 13 Août 2011
Visite de la ville de Chiang Rai. Bertin s'est fait couper les cheveux.
Ensuite on a marché sous la pluie jusqu'à l'horloge dorée.

Dimanche 14 Août 2011
On a réservé un tuk tuk pour aller visiter le "white temple" Pas vraiment un lieu religieux. C'est plutôt une galerie d'art moderne. Les peintres et scultpteurs trouvent ainsi le moyen de donner libre cours à leur inspiration, tout en critiquant dans leur art, la société et surtout la globalisation. Le sculpteur qui a fait les plans de ce temple, a aussi fait les plans de l'horloge et du pont.
Après le souper nous avons été invités à la fête de Cindy la fille du propriétaire.

Lundi 15 Août 2011
Journée de repos. Bertin joue de la dizi: sa flûte chinoise en bambou. Cela rappelle à Phaet de bons souvenirs d'enfance. Elle se rappelle son père qui en avait fabriqué une et qui jouait des airs de son pays d'origine: la Chine.

Mardi 16 Août 2011
Tony, le propriétaire du guesthouse, devait se rendre à la frontière de Birmanie pour renouveler son visa. Il nous a donc offert de nous reconduire à Doi Thung, car ce n'était qu'un léger détour sur sa route. Sur les flancs de la montagne se dresse la villa de la reine-mère.
Il y a aussi un très joli jardin. Il était tôt le matin et on était donc les seuls touristes sur les lieux. C'est une belle promenade dans des sentiers bordés de fleurs. On a fait deux fois le tour du site avant de visiter la villa. Du balcon principal on peut voir la Birmanie. Quand Tony est revenu nous chercher, on venait de terminer la visite. Sur le chemin du retour la discussion est animée et on a beaucoup ri ensemble. On était de retour en après-midi, assez tôt pour visiter l'école de ses enfants et aller leur porter quelques gâteries.

Vendredi 19 Août 2011
Journée d'excursion dans la tribu des Karen qu'on appelle aussi les longs cous. Les femmes portent des anneaux au cou et aussi aux jambes car autrefois elles devaient traverser la jungle et se faisaient attaquer par les tigres et les léopards. Cela fait partie de leurs us et coutumes. Elles les portent encore pour se démarquer des autres tribus et pour attirer les touristes.
Ensuite on s'est dirigé vers le Golden Triangle, autrefois la route de l'opium. Avec notre guide Thai et le groupe du Netherland, nous nous sommes arrêtés à la frontière de Birmanie au temple du roi Scorpion (Wao). Je suis montée dans la tour pour voir ce village frontière de Birmanie. Ils acceptent les touristes dans la zone commerciale près du pont. Plus loin, les militaires surveillent car les étrangers non asiatiques ne peuvent entrer en Birmanie par voie de terre.
Ensuite on est allé au haut de la colline. On est toujours en Thailande. Du sommet on peut voir la Birmanie à l'ouest, le Laos à droite et au centre la Chine. Le Mé-Kong est une route fluviale commerciale entre ces pays. On ne peut pas être à Mai Sae sans visiter le musée de l'opium. Très intéressant les histoires qui entourent la culture du pavot. Autrefois, c'était une entreprise très lucrative et légale. La consommation de l'opium était encouragé par le gouvernement jusqu'à ce qu'on en découvre les méfaits. C'est maintenant illégal mais le traffic entre les frontières existe encore. On comprend pourquoi les frontières sont si bien gardées. Les douaniers fouillent scrupuleusement les bagages. La culture du pavot a été remplacé par la culture du tabac et ensuite du café. Rien de bon pour la santé. C'est l'heure de manger et le buffet du restaurant est bien garni. La nourriture est bonne et pas trop épicée. Ensuite on s'est rendu à Chiang Saeng pour voir les bateaux chinois qui déchargent les marchandises. Des copies de mauvaise qualité nous dit le guide. On a pu le constater lors de la visite des marchés. Pas bon, pas cher. On a aussi vu un temple vieux de 700 ans avant de prendre le bateau pour une petite excursion sur le Mé-Kong. On s'est rendu sur une ìle du Laos pour voir les bouteilles de whisky. Ce n'est pas un ver au fond de la bouteille (comme au Mexique) mais un scorption ou un petit cobra. Cela aide à la fermentation. Ici le peuple est très pauvre et les enfants mendient. On ne s'habitue pas à la pauvreté. Eux non plus.

Mercredi 24 Août 2011
Je pars en expédition avec Phaet.On prendra le "long tail" sur le Mékok pour se diriger vers le village des Karen. Chemin faisant, on salue les pêcheurs qui tendent leur filet. Cette rivière est très mouvementée en cette saison de pluie. Il aurait été plus sage de mettre les gilets de sauvetage. Ensuite on a fait une randonnée à dos d'éléphant jusqu'au site où on gardes des serpents: des boas pour la plupart. On a repris le bateau jusqu'au thermales. On y est resté que quinze minutes à cause de la senteur de souffre. C'est l'heure du retour à l'hôtel. Mais Phaet m'a suggéré de se promener jusqu'au temple. Il y a une belle grotte abritant la statue de buddha. On s'est arrêté près du temple pour voir les moines en pleine méditation. On a fait bien attention de parler à voix basse. Pendant cette journée, Phaet m'a raconté un peu ce qu'était la vie au sein de la tribu Phrang dont elle est issue. Son père était un militaire chinois qui a fui la Chine avec sa femme et 5 enfants pour se réfugier en Birmanie après de longues heures de marche. Très peu à manger et ils ont parfois dormi sur la route. Ils ont de nouveau été chassés de Birmanie et sont venus s'établir dans les montagnes en Thailande. Phaet elle, est née en Thailande. Très jeune, elle devait travailler dans les champs avec sa famille. Elle marchait 10km car leur rizière était très loin du village. Elle se promenait souvent en forêt sans jamais se perdre. Elle a rencontré un vieux moine ermite qui lui a montré à lire et à écrire. Quand les militaires fouillaient le village à la recherche de son père ancien militaire chinois, la famille devait se cacher dans la forêt. Plus tard sa mère a décidé de s'établir au village pour que Phaet puisse aller à l'école. Elle a fait son primaire et était presque toujours la première de la classe. Elle ne parlait à personne car les autres enfants se moquaient d'elle. Pas d'argent pour se payer l'uniforme d'école et sa mère lui achetait une robe et une paire de souliers une fois l'an. Elle était bien contente quand les touristes lui donnaient des vêtements usés et trop grands pour elle qui était si maigre. Les garçons l'appelaient "stupid girl". À l'âge de 13 ans, elle a dû quitter l'école et aller travailler à Bangkok dans une riche famille chinoise. Prise d'affection pour elle, la dame la présentait à tous comme sa fille, ce qui lui évitera les préjugés des citadins. Elle gagnait peu, mais pour elle c'était beaucoup. Elle mettait ses sous de côté pour pouvoir retourner aux études un jour. Son père est tombé gravement malade et toutes ses économies ont servi à payer l'hôpital où il est décédé. En sortant de l'hôpital elle a aidé un vieux monsieur anglais qui peinait à marcher avec sa canne. C'était un médecin à la retraite très riche et, par la suite, il l'a aidé en lui donnant l'argent pour lui permettre de payer ses études au secondaire, avant de retourner vivre en Angleterre. Elle a compris aussi que pour réussir, elle devait apprendre l'Anglais, la langue du commerce. Cela lui a pris 3 ans à obtenir sa carte d'identité en Thailande. Les indigènes sont souvent des réfugiés et n'ont pas de papiers comme citoyens de Thailande. Elle s'est mariée(elle qui avait juré de rester célibataire) avec un Hollandais et ensemble ils ont bâti leur entreprise. Il est père de deux enfants qu'elle élève comme les siens. Elle a un très bon sens des affaires. Son mari dit que c'est à cause de son "chinese blood". Elle a aussi appris le Thai du Nord pour passer inaperçu en ville. Elle me dit souvent qu'elle est ignorante, mais moi, je crois qu'elle est la personne la plus intelligente que j'ai rencontrée dans ma vie. Elle a tout simplement gardé un peu de sa naiveté et de sa spontanéité d'enfant. Si elle se sent un peu perdue dans les grandes villes, moi je me sens un peu perdue au milieu de la forêt. Ce n'est pas l'ignorance mais le manque d'expérience qui est en cause.

Jeudi 25 Août 2011
Tony et Phaet m'ont amené sur la colline voir le white buddha. Je ne suis pas très impressionnée car le site est en construction. Du sommet on peut voir la ville de Chiang Rai. En se promenant dans la forêt, Phaet m'a parlé des arbres sacrés de cette montagne. On n'a pas le droit de les couper. Elle m'a expliqué les différents champignons et m'a parlé des esprits bons et mauvais des fourmilières. Personne ne bâtirait une maison sur un terrain où il y a une fourmilière. Son père l'a fait parce qu'il a obtenu le terrain pour quelques dollars. Il faut dire que son père était capable de parler aux esprits et de faire les incantations nécessaires pour chasser les mauvais esprits.
Ensuite on est allé aux chutes. La route n'est pas très praticable, mais le camion de Tony passe partout. Tony était autrefois conducteur de camion longue distance en Europe. Il a fait ce métier pendant 13 ans. Il en a vu d'autres me dit-il. En voyant Phaet gravir le sentier vers les chutes, je m'aperçois combien Phaet est dans son élément. Elle a grandi dans la forêt et elle s'y sent chez elle. Jamais elle ne s'est perdue même quand, à l'âge de 5 ans, elle s'éloignait très loin pour aller chercher des fruits et des feuilles de bananiers, pour que sa mère puisse les vendre au marché. Elle y faisait aussi de longues promenades avec son père. C'est son père qui lui a enseigné la forêt. Elle n'a jamais eu peur des tigres et des léopards car elle ne connaissait pas leur existence. Elle me dit en souriant: "On ne peut avoir peur si on ne sait pas que cela existe." Pendant qu'elle me raconte ces histoires, j'ai peine à la suivre. Il y a un gros tronc d'arbre sur la route. J'essaie de passer en-dessous, mais Phaet a peur que je reste pris. Avec son aide, je me suis assise sur le tronc et je me suis laissée glisser de l'autre côté. Elle riait de bon coeur. On s'est reposé aux chutes et on a décidé sagement de rebrousser chemin, car le sentier est plus ardu pour se rendre au deuxième niveau. On a bien fait car une pluie fine s'est mise à tomber et le sentier deviendra très glissant. Pendant ce temps Tony dormait dans le camion en nous attendant. En arrivant au guesthouse, de nouveaux clients attendaient patiemment le retour des propriétaires. Un jeune couple, belge et anglais, qui voyagent depuis presque 4 ans. Leurs deux filles sont nés en Espagne. Leur famille respective ne comprenne pas leur mode de vie. Ils étaient bien contents de rencontrer des gens qui leur ressemblent. Au souper on s'est raconté nos anecdotes de voyage. Il a été professeur d'Anglais dans différents pays pour défrayer le coût de son voyage. Au retour en Belgique, il aimerait finir son Bacc en enseignement car il s'est aperçu que c'était pour lui une vocation. Il adore les enfants. Je ne l'ai pas découragé de le faire même s'il idéalise un peu cette profession.